Agentic AI : OpenAI, Anthropic & Block lancent une fondation
L’intelligence artificielle franchit une nouvelle étape décisive. OpenAI, Anthropic et Block viennent de créer l’Agentic AI Foundation (AAIF), une initiative majeure placée sous l’égide de la Linux Foundation. Cette fondation marque un tournant dans la gouvernance de l’IA agentique. Elle réunit des géants technologiques autour d’un objectif commun : standardiser et sécuriser l’écosystème des agents IA autonomes.

Une alliance stratégique pour l’avenir de l’IA
La création de l’AAIF résulte d’une convergence d’intérêts stratégiques. OpenAI apporte son standard AGENTS.md, un cadre documentant l’orchestration des tâches confiées aux agents logiciels. Anthropic contribue avec son protocole MCP (Model Context Protocol), désormais disponible sous licence permissive. Block, spécialiste des services de paiement, met à disposition le cadre open source goose. Ce dernier sert de socle technique pour l’implémentation d’agents dans des environnements distribués.
L’initiative bénéficie du soutien de partenaires de poids. AWS, Google, Microsoft, Cloudflare et Bloomberg rejoignent le projet. Cette adhésion massive témoigne de l’intérêt transversal de l’industrie technologique. Elle démontre aussi la nécessité d’unifier les standards techniques et opérationnels pour l’IA agentique.
Qu’est-ce que l’IA agentique ?
L’IA agentique représente une évolution majeure par rapport aux chatbots traditionnels. Elle possède une “agentivité” : la capacité d’agir et de choisir ses actions de manière autonome. Contrairement aux assistants IA classiques qui se contentent de répondre aux questions, l’IA agentique peut planifier, exécuter et atteindre des objectifs complexes sans supervision humaine constante.
Cette technologie combine plusieurs capacités essentielles. Elle comprend le contexte, évalue les options et adapte son comportement en temps réel. Un agent IA peut gérer des flux de travail complexes et multiétapes. Il peut interagir avec différents systèmes d’information, accéder à des bases de données et déclencher des actions automatiques.
Les entreprises commencent à mesurer le potentiel de cette révolution. Selon Gartner, moins de 1% des applications logicielles d’entreprise utilisaient des techniques d’IA agentique en 2024. Ce chiffre pourrait atteindre 33% d’ici 2028. Cette croissance exponentielle s’explique par les gains de productivité considérables observés lors des premières implémentations.
Les objectifs de l’Agentic AI Foundation
L’AAIF vise à poser une architecture commune, fédératrice et évolutive pour la prochaine génération d’agents intelligents. La fondation garantit que ces agents reposent sur des protocoles partagés et documentés. Cette standardisation est cruciale pour assurer l’interopérabilité entre différentes plateformes et fournisseurs.
La donation du protocole MCP d’Anthropic constitue un jalon déterminant. Ce standard permet à un agent d’interpréter des instructions complexes. Il assure l’accès sécurisé à des services externes et garantit la traçabilité des interactions. L’adoption de la spécification AGENTS.md d’OpenAI harmonise la communication des tâches, conventions et exigences aux agents de développement logiciel.
La structuration de cet écosystème traduit une volonté partagée de prévenir les risques. L’enfermement technologique et la fragmentation constituent des menaces sérieuses. L’intégration à la Linux Foundation garantit neutralité et ouverture. Elle favorise l’adhésion d’une diversité d’acteurs : éditeurs, intégrateurs et clients finaux.
Renforcer la confiance et la sécurité
La création de l’AAIF répond à la nécessité de bâtir des garde-fous industriels. En imposant des référentiels ouverts, la fondation renforce la sécurité des déploiements. Elle améliore l’auditabilité et la conformité. Ces critères sont essentiels pour les organisations soumises à de fortes exigences réglementaires ou sectorielles.
L’écosystème AAIF offre aux éditeurs et entreprises une liberté précieuse. Ils peuvent composer des chaînes d’agents issus de différents fournisseurs. Ils ne redoutent ni le verrouillage propriétaire ni la rupture de compatibilité. Cette perspective réduit considérablement les coûts de développement.
Elle facilite aussi l’intégration de nouvelles fonctions. La portabilité des solutions s’en trouve améliorée, notamment dans les environnements multicloud ou hybrides. Pour les directions informatiques et les responsables de la sécurité, le recours à des standards ouverts et audités par la communauté internationale constitue une garantie supplémentaire. Elle renforce la gestion des risques liés à l’autonomie logicielle.
Un socle commun pour industrialiser l’IA

L’AAIF consacre une transition décisive dans l’évolution de l’intelligence artificielle. L’industrialisation de l’IA ne repose plus seulement sur la puissance des modèles linguistiques. Elle dépend de la capacité à orchestrer des agents capables de s’adapter, de décider et d’interagir dans des environnements complexes.
Cette structuration permet aux entreprises, administrations et fournisseurs de reposer leurs choix sur un écosystème de standards communautaires. L’histoire de l’informatique abonde d’exemples similaires. La Linux Foundation, en fédérant des contributions ouvertes et en encadrant l’évolution du noyau Linux, a permis l’essor d’un écosystème logiciel mondial.
L’Apache Software Foundation a joué un rôle décisif dans la diffusion de standards ouverts pour les serveurs web. Elle a favorisé les frameworks de données et les outils de traitement massivement parallèle. Cette standardisation a rendu possible l’industrialisation du cloud et du Big Data.
Plus récemment, la Cloud Native Computing Foundation (CNCF) a offert un cadre de gouvernance neutre. Elle a permis à l’ensemble de la filière du cloud de collaborer et d’innover. Le succès de Kubernetes illustre parfaitement cette dynamique. Dans tous ces cas, la structuration du marché autour de standards ouverts a constitué un levier puissant de massification et de sécurisation.
Les applications concrètes de l’IA agentique
Les agents IA trouvent déjà des applications concrètes dans de nombreux secteurs. Dans le domaine bancaire, ils automatisent les rapprochements avec une réduction de 80% du temps passé. Ils gèrent la résolution autonome des réclamations complexes, incluant remboursements et litiges.
Dans le commerce, ils optimisent la prospection intelligente. Ils identifient les leads chauds via l’analyse des interactions clients. La personnalisation dynamique des campagnes permet d’ajuster en temps réel les messages et les offres. Dans la logistique, les agents IA optimisent les tournées de livraison. Ils réduisent les coûts de transport de 15% en moyenne.
Ils assurent aussi une gestion proactive des ruptures de stock. Le réapprovisionnement automatique s’effectue via l’analyse des tendances de consommation. Ces gains de productivité ne constituent que le début. L’IA agentique transforme des chaînes de valeur entières en processus automatisés, adaptatifs et mesurables.
Les défis de l’intégration
Malgré son potentiel, l’intégration de l’IA agentique soulève des défis importants. Une enquête menée auprès de 3 400 développeurs révèle que 70% rencontrent des difficultés à intégrer les agents IA dans leurs systèmes existants. Les infrastructures d’entreprise doivent être mises à niveau et se conformer à des standards modernes.
Les agents nécessitent un accès à de multiples sources de données. Cela crée des obstacles en matière d’intégration des données. Des complexités nouvelles en matière de sécurité et de conformité émergent également. Les entreprises doivent mettre en place des garde-fous appropriés dès le départ.
Il est essentiel de définir des règles métiers claires. La logique interne et la conformité doivent être établies avant tout déploiement. Les experts recommandent de commencer par des cas d’utilisation restreints. Cette approche permet de limiter les risques et de valider la pertinence des agents dans des environnements maîtrisés.
Une révolution en marche

La création de l’Agentic AI Foundation marque le début d’une nouvelle ère pour l’intelligence artificielle. Les entreprises pionnières comme Stripe, Zapier ou JPMorgan Chase déploient déjà des agents IA en production. Elles mesurent des retours sur investissement tangibles.
Pour les organisations, cette avancée ne constitue pas une simple optimisation technologique. Il s’agit d’une rupture stratégique qui redéfinit la productivité et l’agilité opérationnelle. Les entreprises qui intègrent l’IA agentique dès maintenant gagnent un avantage concurrentiel décisif. Celles qui attendent risquent de se faire distancer.
L’AAIF offre désormais un cadre structurant pour accompagner cette transformation. En garantissant interopérabilité, sécurité et ouverture, la fondation pose les bases d’un écosystème durable. Elle permettra aux agents IA de déployer tout leur potentiel au service de l’innovation et de la création de valeur.
