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Tilly Norwood : Actrice 100% IA dont Hollywood a peur

L’industrie cinématographique vit un tournant historique. Tilly Norwood, première actrice entièrement créée par intelligence artificielle, fait trembler Hollywood. Cette comédienne virtuelle n’a jamais foulé un plateau de tournage. Elle n’existe tout simplement pas dans le monde réel.

Une entrée fracassante au Zurich Film Festival

Tilly Norwood représente le projet phare du studio néerlandais Xicoia. Fondé par la productrice et actrice Eline Van der Velden, ce studio ambitionne de révolutionner le cinéma. La création de cette actrice virtuelle marque une rupture technologique majeure.

Son premier rôle apparaît dans le court-métrage AI Commissioner. Visible sur son compte Instagram personnel, cette vidéo joue délibérément sur le malaise. “Je suis peut-être générée par IA, mais je ressens de vraies émotions”, déclare l’avatar. Le studio londonien Particle6 a produit cette œuvre provocante.

Les agences hollywoodiennes se bousculent

Plusieurs agents artistiques reconnus auraient déjà contacté Xicoia. Ils souhaitent représenter Tilly comme n’importe quelle actrice réelle. La productrice Van der Velden affiche des ambitions démesurées. Elle désire que Tilly devienne “la prochaine Scarlett Johansson ou Natalie Portman”.

D’ici quelques mois, une agence devrait officiellement la signer. Cette signature ferait d’elle l’une des premières actrices virtuelles dotées d’un manager réel. Les projets du studio ne s’arrêtent pas là. Xicoia travaille actuellement sur plus de 40 acteurs générés par IA.

Chaque personnage virtuel possède une voix unique. Une backstory détaillée accompagne chaque création. Leur technologie baptisée DeepFame leur permet d’improviser et d’adapter leur ton. Ces avatars peuvent même dialoguer en direct avec le public.

L’argument économique qui séduit les producteurs

Les créateurs avancent des arguments pragmatiques. Pas de contraintes de planning avec ces acteurs virtuels. Aucun cachet mirobolant à négocier. Les retards de tournage appartiennent au passé. Les producteurs voient dans l’IA une solution aux difficultés financières de l’industrie.

Certains studios exploitent déjà le de-aging numérique. D’autres s’autorisent à ressusciter des légendes disparues. OpenAI envisage même de présenter un film d’animation généré par l’IA au Festival de Cannes. Cette initiative suscite des débats passionnés en France notamment.

Le projet Critterz d’OpenAI illustre parfaitement cette tendance. Avec un budget inférieur à 30 millions de dollars, il défie les productions traditionnelles. Cette révolution économique bouleverse les modèles établis depuis des décennies.

Une vague de protestations sans précédent

Le futur du septième art ne séduit pas tout le monde. Plusieurs acteurs montent au créneau. Ils dénoncent une menace directe pour leur métier. Melissa Barrera de la saga Scream appelle au boycott des agences intéressées.

Ralph Ineson, vu dans Les 4 Fantastiques, se montre particulièrement virulent. Mara Wilson (Madame Doubtfire, Matilda) accuse les créateurs d’avoir “volé les visages de centaines de jeunes femmes”. Abigail Breslin (Little Miss Sunshine) supplie ses collègues de refuser cette évolution. Elle juge cette pratique insultante pour la profession.

Ces réactions s’inscrivent dans un climat déjà tendu. En 2023, la grève des acteurs d’Hollywood avait mis en garde contre les risques liés à l’IA. Le clonage de voix et la réutilisation d’images inquiètent profondément les professionnels. Cette mobilisation collective traduit une anxiété réelle.

Une réponse qui peine à convaincre

Face à la polémique, Eline Van der Velden tente de rassurer. Selon elle, Tilly n’est pas là pour remplacer les humains. Elle ouvre simplement de nouvelles possibilités créatives. “L’IA est un pinceau supplémentaire”, affirme-t-elle.

Comme l’animation, les marionnettes ou les effets spéciaux, elle ne retire rien à la force d’une performance humaine. Tilly serait avant tout une œuvre d’art. Ce discours peine à calmer la colère des professionnels.

Netflix avait également dû justifier l’utilisation de l’IA dans sa série L’Éternaute. Marvel a provoqué une polémique similaire avec le générique de Secret Invasion. Ces controverses répétées démontrent un fossé grandissant entre créateurs et technologues.

Les enjeux éthiques et artistiques

La création de Tilly soulève des questions fondamentales. Peut-on parler d’art sans sensibilité humaine ? Les algorithmes peuvent-ils reproduire les émotions authentiques ? Ces interrogations dépassent le simple cadre technique.

Les opposants insistent sur l’importance de l’expérience humaine. L’acte de création puise dans les cultures et émotions vécues. Cette dimension ne peut être simulée par des machines. La France défend particulièrement cette vision humaniste.

L’uniformisation potentielle des œuvres inquiète également. La standardisation de la production audiovisuelle mondiale menace la diversité culturelle. Cette crainte s’ancre dans l’attachement français à l’exception culturelle. Chaque pays doit préserver sa singularité artistique.

Un avenir inéluctable pour le cinéma ?

L’intelligence artificielle transformera inévitablement l’industrie cinématographique. La résistance actuelle protège certaines valeurs créatives essentielles. Mais elle risque aussi d’isoler ceux qui refusent l’innovation. Un équilibre subtil devra être trouvé.

L’avenir résidera probablement dans une approche hybride. L’IA assistera les créateurs sans les remplacer totalement. Cette méthode pourrait réconcilier efficacité et créativité. Les formations artistiques devront évoluer pour intégrer ces nouveaux outils.

La réglementation européenne influencera ces développements. Les directives sur l’IA impacteront la production audiovisuelle. La France peut promouvoir une approche éthique de ces technologies. Cette position lui donnerait un avantage moral significatif.

Le verdict du public

Intelligence artificielle ou artistique, une chose est sûre. Le public aura le dernier mot dans ce débat passionné. Reste à savoir s’il est prêt à applaudir un mirage. Les premières réactions sur les réseaux sociaux sont mitigées.

Certains spectateurs célèbrent cette prouesse technologique. D’autres dénoncent une déshumanisation de l’art. Les prochains mois seront décisifs pour l’acceptation de ces acteurs virtuels. Le succès ou l’échec commercial de ces projets orientera les investissements futurs.

Tilly Norwood incarne les contradictions de notre époque. Entre fascination technologique et attachement aux valeurs humaines, Hollywood doit faire un choix. Ce choix déterminera l’évolution du septième art pour les décennies à venir.

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